Le voilier-cargo français Anemos a achevé mardi 3 septembre son premier voyage entre Le Havre et New York. Le navire, qui émet dix fois moins de CO2 qu’un porte-conteneurs traditionnel, pourrait aider à rendre moins polluant le transport maritime, responsable de 3 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
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Un pas décisif vers la décarbonation du transport maritime ? Le plus grand voilier-cargo de l’ère moderne, Anemos (« vent » en grec ancien), a terminé mardi 3 septembre sa première traversée de l’océan Atlantique, entre Le Havre et New York.
Parti le 16 août dernier de son port d’attache normand, le navire français a notamment acheminé du champagne, du cognac ou de la confiture, selon la compagnie TransOceanic Wind Transport (TOWT), pionnier du retour de la marine marchande à voile. Ce premier voyage aura été « un peu compliqué », a concédé le capitaine, Hadrien Busson. « Nous améliorons le positionnement des voiles », a-t-il expliqué.
Selon l’International Windship Association, une quarantaine de grands cargos dans le monde utilisent le vent, une énergie gratuite et largement disponible. Après cette traversée transatlantique, Anemos va rallier Santa Marta en Colombie, et revenir les cales pleines au Havre.
► Deux ans de construction en Roumanie et en Bretagne
La construction d’Anemos commence en septembre 2022 à Giurgiu, sur les rives du Danube, en Roumanie. La coque du navire quitte le chantier roumain en juillet 2023, direction Concarneau (Finistère), où elle arrive le 28 août pour le mâtage et divers aménagements.
Anemos effectue ses premiers essais en mer à partir du 24 juin 2024. Livré à TOWT le 2 août, il arrive au Havre le 6 août pour préparer sa première traversée de l’Atlantique.
TOWT envisage de constituer une flotte de six voiliers-cargos du même type, devant être opérationnelle d’ici à 2027. La sœur jumelle d’Anemos, Artemis, doit d’ailleurs s’élancer mercredi 4 septembre du Vietnam pour son voyage inaugural.
► Un navire de 81 mètres de long
Anemos est un voilier de 81 mètres de long. Il possède deux mâts de 52 mètres de haut, culminant à 64 mètres au-dessus de la mer et capables de supporter 3 000 m² de voilure.
Les porte-conteneurs traditionnels sont de loin plus imposants : ils mesurent de manière générale entre 100 et 200 mètres de long, les plus importants atteignant parfois les 400 mètres.
► Environ 1 000 tonnes de fret
Équipé de six cales capables d’accueillir 1 200 palettes de marchandises, Anemos peut acheminer plus de 1 000 tonnes de marchandises chargées en environ six heures.
► Deux semaines pour traverser l’Atlantique
Propulsé principalement par le vent, Anemos peut atteindre 13 à 14 nœuds en moyenne, soit 24 à 26 km/h, et même davantage dans des conditions favorables. Il est néanmoins doté d’une propulsion diesel-électrique.
Guess where we are. pic.twitter.com/9SrkMLsZAO
— TOWT (@TOWindTransport) September 3, 2024
La durée de cette première traversée de l’Atlantique était estimée à 13 jours. Il aura toutefois fallu 18 jours à Anemos pour atteindre New York depuis son port d’attache normand.
Selon TOWT, le bateau devrait effectuer onze traversées transatlantiques par an pour acheminer tous types de marchandises entre Le Havre, New York et la Colombie.
► Dix fois moins d’émissions de CO2
Le voyage d’Anemos à New York marque une étape importante dans la décarbonation du transport maritime.
Selon la compagnie, les émissions de dioxyde de carbone de ses voiliers-cargos sont inférieures d’environ 90 % à celles d’un porte-conteneurs traditionnel. Une goutte d’eau dans une flotte mondiale qui compte plus de 105 000 navires de plus de 100 tonnes.
Par ailleurs, sur la plupart des autres grands navires marchands, la voile n’est aujourd’hui utilisée que comme force d’appoint. Les systèmes utilisés varient (rotors, aile rigide, kite) mais les économies de carburants dépassent rarement les 20 %.