La déesse Mazu, agent d’influence chinoise à Taïwan
Suzanne Duroy
Pékin, qui multiplie les stratégies pour attirer l’île dans son giron, s’immisce jusque dans les puissants temples dédiés au culte de cette divinité, très répandu dans la société taïwanaise.
À Taïpei
Dans son petit bourg en banlieue de Taichung, la deuxième ville de Taïwan, Wang Ching-chan règne en maître : il défile dans une Bentley dernier cri, flanqué de deux imposants SUV noirs. Ses cheveux coupés mi-ras laissent entrevoir de larges tatouages sur son crâne. Mais ce dont il est le plus fier, c’est son temple. Ce dernier, Chao Tian, est en plein chantier d’agrandissement ; un étage est en construction pour accueillir les pèlerins chinois. Avec le port de Taichung à deux kilomètres, l’empire du Milieu est aux portes du temple : deux heures en bateau suffisent pour rejoindre la côte. Le projet est colossal : 2 milliards de dollars taïwanais (près de 6 millions d’euros) financés par de généreux donateurs. « Nous échangeons avec la Chine pour éviter la guerre ! » s’exclame Wang Ching-chan. Depuis quelque temps, les relations étroites de certains temples taïwanais avec la Chine sont régulièrement dénoncées dans la presse taïwanaise…