La déesse Mazu, agent d’influence chinoise à Taïwan
Pékin, qui multiplie les stratégies pour attirer l’île dans son giron, s’immisce jusque dans les puissants temples dédiés au culte de cette divinité, très répandu dans la société taïwanaise.
À Taïpei
Dans son petit bourg en banlieue de Taichung, la deuxième ville de Taïwan, Wang Ching-chan règne en maître : il défile dans une Bentley dernier cri, flanqué de deux imposants SUV noirs. Ses cheveux coupés mi-ras laissent entrevoir de larges tatouages sur son crâne. Mais ce dont il est le plus fier, c’est son temple. Ce dernier, Chao Tian, est en plein chantier d’agrandissement ; un étage est en construction pour accueillir les pèlerins chinois. Avec le port de Taichung à deux kilomètres, l’empire du Milieu est aux portes du temple : deux heures en bateau suffisent pour rejoindre la côte. Le projet est colossal : 2 milliards de dollars taïwanais (près de 6 millions d’euros) financés par de généreux donateurs. « Nous échangeons avec la Chine pour éviter la guerre ! » s’exclame Wang Ching-chan. Depuis quelque temps, les relations étroites de certains temples taïwanais avec la Chine sont régulièrement dénoncées dans la presse taïwanaise…