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États-Unis : turbulences chez Boeing, confronté à un large mouvement de grève

États-Unis : turbulences chez Boeing, confronté à un large mouvement de grève

Les salariés de Boeing ont lancé vendredi le coup d’envoi d’un vaste mouvement social pour bloquer la production du groupe dans la région de Seattle, aux États-Unis. Ils rejettent la nouvelle convention proposée par l’avionneur américain en difficulté, qui s’est dit « engagé » dans la poursuite des négociations.

Des membres du syndicat des machinistes IAM-District 751 après avoir rejeté la nouvelle convention proposée par Boeing et voté une grève dès vendredi, le 12 septembre 2024.

Des membres du syndicat des machinistes IAM-District 751 après avoir rejeté la nouvelle convention proposée par Boeing et voté une grève dès vendredi, le 12 septembre 2024. © Jason Redmond, AFP

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Bras de fer social à Boeing. L’entreprise américaine fait face, vendredi 13 septembre, à un vaste mouvement social, le premier en seize ans. La veille, les salariés ont voté à une très large majorité en faveur d’une grève pour protester contre la nouvelle convention proposée par l’avionneur en difficulté.

Selon l’agence Bloomberg, des centaines de travailleurs ont entamé dans la nuit un piquet de grève à l’usine de Renton, proche de Seattle, aux États-Unis, où est produit le 737 Max, appareil vedette de l’avionneur américain.

Les travailleurs ont rejeté la convention à 94,6 % et voté jeudi soir la grève à 96 %, a précisé Jon Holden, président du syndicat des machinistes IAM-District 751. « Nous ferons grève à minuit », soit à 7 h GMT vendredi, a-t-il ajouté.

« Nos membres se sont exprimés haut et fort ce [jeudi] soir », a affirmé Jon Holden, dont le syndicat – qui représente environ 33 000 travailleurs dans la région Nord-Ouest Pacifique – avait initialement soutenu l’accord. Jon Holden avait auparavant déclaré ne pas pouvoir « garantir que nous obtiendrons davantage en faisant grève ».

La grève doit entraîner la fermeture de deux grandes usines d’assemblage d’avions dans la région de Puget Sound. Les deux tiers des votes étaient nécessaires pour lancer un arrêt de travail dès l’expiration jeudi à minuit de la convention actuelle, vieille de seize ans.

Elle vise à paralyser la production des modèles 737, 777 et 767 cargo, dont les livraisons cumulent déjà d’important retards. Une situation d’autant plus problématique que l’avionneur encaisse la plus grosse partie du paiement (environ 60 %) à la remise des avions.

Une grève qui pourrait avoir de grosses conséquences financières

En dépit du vote massif en faveur de la grève, le groupe Boeing a déclaré dans un communiqué être « engagé » dans la négociation.

« Nous restons déterminés à rétablir nos relations avec nos employés et le syndicat, et nous sommes prêts à retourner à la table des négociations pour parvenir à un nouvel accord », a affirmé l’avionneur.

Selon les analystes de TD Cowen, une grève de 50 jours priverait Boeing de 3 à 3,5 milliards de dollars de liquidités et aurait un impact de 5,5 milliards sur le chiffre d’affaires du groupe.

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Le vote de jeudi marque le rejet décisif d’un accord qui, selon les travailleurs, était bien moins généreux que ne l’affirmaient les dirigeants de Boeing.

Cette nouvelle convention, qui concerne les adhérents de l’IAM dans la région de Seattle (nord-ouest), prévoyait une hausse des salaires de 25 % sur quatre ans, ainsi qu’un engagement d’investissements dans la région.

Et aussi la construction du prochain avion – annoncé pour 2035 – dans le berceau historique de l’avionneur, ce qui devait assurer des emplois pour plusieurs décennies.

« Ils parlent d’une augmentation de 25 %, mais ce n’est pas le cas »

Boeing espérait que ces concessions suffiraient à esquiver une grève, alors que sa situation financière est précaire depuis le crash de deux 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, ayant coûté la vie à 346 personnes, et une multitude de problèmes de qualité de la production.

« Ce n’est un secret pour personne : notre activité traverse une période difficile, en partie à cause de nos propres erreurs du passé. […] Une grève mettrait en péril notre reprise commune », avait prévenu mercredi soir Kelly Ortberg, qui a succédé le 8 août à Dave Calhoun au poste de directeur général de l’avionneur américain. Il avait exhorté les employés à ne pas « sacrifier » les progrès futurs en raison de « frustrations liées au passé ».

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Mais les mécontents jugent insatisfaisant le volet sur les retraites et trouvent la hausse salariale trop éloignée des demandes du syndicat, qui réclamaient initialement une augmentation de 40 %.

Une semaine après sa prise de fonction, Kelly Ortberg s’était engagé à « réinitialiser » la relation avec l’IAM. Mais à la lecture de l’accord, de nombreux syndiqués ont réagi négativement et plaidé pour un arrêt de travail.

« On nous a bradés », a lancé jeudi à l’AFP Kamie Bryan, employée chez Boeing depuis 18 ans, après avoir voté contre l’accord et pour la grève. « Nous ne devrions pas prendre ces quelques sous qu’ils nous donnent et être reconnaissants », a-t-elle relevé, insistant sur l’ampleur des « revenus du patron ».

« Ils parlent d’une augmentation de 25 %, mais ce n’est pas le cas », a déclaré Paul Janousek, un électricien d’Everett qui a voté en faveur de la grève après avoir estimé que la présentation de Boeing était « trompeuse ». Selon ce technicien employé chez Boeing depuis 13 ans, son augmentation ne serait en réalité que d’environ 9 %, compte tenu de la suppression de la prime annuelle.

La dernière grève avait duré 57 jours en 2008

Les télévisions ont montré des rassemblements quotidiens d’ouvriers protestant dans les usines contre des mesures salariales qu’ils estiment inadéquates face à l’inflation.

Après des grèves dans les secteurs de l’automobile, du divertissement et d’autres secteurs d’activité, les syndicats engagent ainsi un nouveau bras de fer.

Le règlement de l’IAM prévoit que les grévistes reçoivent 250 dollars par semaine à partir de la troisième semaine d’arrêt de travail.

Boeing fait l’objet d’une supervision accrue depuis un incident en vol début janvier sur un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines. Survenu après une série de problèmes de conformité et de contrôle qualité, il a ravivé les questions soulevées sur ces mêmes lacunes après les deux crashes.

La dernière grève chez l’avionneur américain remonte à 2008 et avait duré 57 jours.

Avec AFP

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Source: www.france24.com

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