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Pourquoi la délégation chinoise est si forte aux Jeux paralympiques


PERFORMANCE ET SOFT POWER

Pourquoi la délégation chinoise est si forte aux Jeux paralympiques

La Chine écrase la concurrence depuis le début des Jeux paralympiques avec 196 médailles remportées, dont 83 d’or. Loin devant le Royaume-Uni, deuxième avec 108 breloques au compteur, la délégation chinoise règne en solitaire sur le paralympisme à Paris. Une performance notamment rendue possible par les investissements massifs de Pékin dans le handisport depuis le début des années 2000. Explications.

L'équipe chinoise de para athlétisme (Xiaoyan Wen, Hao Wang, Yang Hu et Guohua Zhou) après avoir remporté la médaille d'or au relais 4x100 mètres au Stade de France, le 6 septembre 2024.
L’équipe chinoise de para athlétisme (Xiaoyan Wen, Hao Wang, Yang Hu et Guohua Zhou) après avoir remporté la médaille d’or au relais 4×100 mètres au Stade de France, le 6 septembre 2024. © Hassan Wamwayi, AFP

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La Chine et le reste du monde ? La délégation de Pékin présente aux Jeux paralympiques de Paris moissonne les médailles à tour de bras depuis le début de la compétition. Des chiffres qui donnent le vertige : avec 196 médailles – 86 d’or, 65 d’argent et 45 de bronze – au moment de l’écriture de cet article, samedi 7 septembre, la délégation chinoise règne sans concurrence au tableau des médailles.

Le Royaume-Uni et les États-Unis, pourtant respectivement deuxième et troisième, arrivent loin derrière avec 108 et 92 breloques au compteur. La France (69 médailles) semble, pour sa part, à des années-lumière de ce niveau de performance malgré des Olympiades convaincantes – elle a battu son record de médailles remportées à Tokyo en 2021.

La Chine possède la plus grande délégation des Jeux paralympiques de Paris avec 284 athlètes, contre 239 pour la France. Elle est aussi engagée dans 20 disciplines sur 22 possibles – avec succès à chaque fois. Cette domination s’explique notamment par sa démographie : la Chine compte 1,4 milliard d’habitants, dont 85 millions de personnes en situation de handicap – contre 12 millions en France.

Elle dispose ainsi, d’un énorme vivier dans lequel puiser pour façonner les para athlètes de demain éligibles à des podiums paralympiques. Mais le potentiel ne suffit pas à lui seul à expliquer cette domination chinoise. À titre de comparaison, l’Inde compte 60 millions de personnes en situation de handicap, mais sa délégation n’a remporté “que” 27 médailles à Paris.

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Le tournant des années 2000 et le plus grand centre de préparation au monde

Il faut remonter à plusieurs décennies pour comprendre le succès actuel de Pékin. D’abord quand la Chine “a décidé à la fin des années 1970 de faire du sport une cause nationale”, explique à Ouest-France Lukas Aubin, directeur de recherche à l’Iris, chargé du programme sport et géopolitique. “Elle a (alors) mis en place un certain nombre de moyens. Elle a centralisé la pratique sportive”.

Puis vient le tournant des années 2000. La Chine est sélectionnée en 2001 pour organiser les JO de 2008. Le président chinois Hu Jintao (2003-2013) “va décréter des plans pour développer les infrastructures et former des gens”, explique à L’Équipe Arnaud Waquet, enseignant chercheur à l’université de Lille, spécialisé en sciences sociales du sport. “Et en 2001, (la Chine) veut se détacher du grand frère russe et montrer qu’elle est une puissance économique et donc il faut battre les Américains.”

Le symbole emblématique des investissements dans le handisport voit le jour en 2007 : la Chine ouvre alors le plus grand centre de préparation au monde pour les para athlètes. Ce centre a pour but de “former des athlètes professionnels dans tous les sports et toutes les catégories de handicaps”, comme l’explique Paris Match, qui a pu visiter cette infrastructure de 23 hectares lors de son inauguration. L’hebdomadaire français la qualifie de “sans équivalent dans le monde : une sorte d’Insep mais entièrement dédié au sport paralympique avec des infrastructures modernes.”

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En outre, Pékin s’attelle au recrutement d’entraîneurs étrangers et se repose sur 200 antennes dispersées à travers le pays pour mener des opérations de détection des para athlètes prometteurs. “On invite des personnes qui aspirent à pratiquer, on les détecte et la machine chinoise est en route. On sélectionne une grande cohorte de 1 000 personnes, on la réduit rapidement à 100, 50 puis 10 personnes qu’on va surentraîner. C’est la sélection pyramidale”, précise Arnaud Waquet au quotidien sportif.

La France a lancé en 2019 “La Relève”, un programme de détection des futurs athlètes paralympiques français – mais avec près de deux décennies de retard sur la Chine.

Les succès et les revers de la médaille

Cette supériorité chinoise peut parfois créer de l’amertume chez les autres para athlètes lors des Jeux paralympiques. À Paris, le para escrimeur français Maxime Valet s’est exprimé après son élimination lors de la journée du sabre individuel alors qu’il est pourtant n°1 de sa catégorie : “Les moyens mis en place chez eux sont à des années-lumière de ce que l’on a chez nous. Il y a plus de professionnels en Chine que le total du reste du monde. Tu ne fais pas le même sport qu’eux.”

Toujours est-il qu’avec leurs nombreux succès, les para athlètes devraient avoir droit aux mêmes célébrations que les athlètes valides des JO à leur retour en Chine. Car le régime du président Xi Jinping ne s’en cache pas depuis des années : le sport est un véritable outil de “soft power” à l’international.

Mais sur la scène nationale, le tableau est un peu plus nuancé pour les Chinois en situation de handicap. “Si vous faites attention, vous verrez que ce ne sont jamais les mêmes qui gagnent. À chaque fois, c’est un Chinois différent tous les quatre ans”, explique auprès de Ouest-France Philippe Croizon, figure du handisport français. “Ils mettent les gamins dans l’usine à champions, et s’il y en a un qui n’est pas bon, ils le jettent et ils en prennent un autre.”

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Un autre revers de la médaille a été documenté par l’ONG Human Rights Watch (HRW). Dans un rapport paru en 2013, elle a dénoncé “un système de ségrégation persistant” concernant l’accès à l’éducation pour les personnes en situation de handicap. Et elle a affirmé que le taux d’illettrisme était supérieur à 40 % pour ces personnes, alors qu’il était très faible pour le reste du pays.

Découvrez tous les résultats des Jeux paralympiques de Paris 2024.

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Source: www.france24.com

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