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Au Bénin, ONG et divinités vaudoues au chevet des précieuses mangroves

Au Bénin, ONG et divinités vaudoues au chevet des précieuses mangroves

Par  (Cotonou, Ouidah, Grand-Popo [Bénin], envoyée spéciale) et  (Photos)

Publié le 02 septembre 2024 à 20h00, modifié hier à 08h05

Temps de Lecture 13 min. Read in English



Ici réside Zangbeto, gardien invisible de la nuit, divinité de la forêt. Ici, au cœur de la mangrove de Togbin, il veille sur les palétuviers aux racines-échasses aériennes, hérissées et enchevêtrées comme dans un mikado géant. Qu’importe si l’agglomération de Cotonou, capitale économique du Bénin de 2,4 millions d’habitants, n’est qu’à quelques kilomètres et si le grand chantier de la route côtière des Pêches arrête net la forêt humide, Zangbeto incarne l’esprit sacré des lieux, empreint de mystère, et les rend intouchables. Plus aucun fétiche accroché dans les arbres ne prévient de sa présence. Inutile : tout le monde sait que pêcher, chasser, couper du bois y est prohibé, ou même y pénétrer, sous peine d’attirer sur soi la colère surnaturelle.

Gérard Djikpesse, guide pour les touristes et dignitaire vaudoun, sur les palétuviers rouges (Rhizophora), dans la forêt protégée et partiellement sacrée de Tobgin. A Abomey-Calavi (Bénin), le 17 juin 2024.

« C’est comme ça qu’on a commencé en 2011 : on a d’abord sacralisé une portion de la forêt un peu reculée et, après ça, on a reçu l’aide des ONG pour la restauration autour, témoigne Gérard Djikpesse, guide pour les touristes, entre autres casquettes. Elle avait diminué et n’occupait plus que 94 hectares à ce moment-là ; désormais, elle s’étend sur 407 hectares, dont 207 hectares de mangrove. »

Il coupe le moteur de sa barque pour ne pas déranger les margouillats et autres reptiles (vipères heurtantes, cobras des forêts, pythons), les amphibiens, les singes à ventre rouge, les crabes ; et les dizaines d’espèces d’oiseaux qui vivent ici : aigrettes, ibis, hérons, bécasses, busards des roseaux, chevaliers sylvains… Ainsi que les mulets à grosse tête, sardinelles, poissons-chats et les nombreux poissons qui viennent frayer dans ces eaux saumâtres et calmes avant de s’en retourner dans l’océan. Les crocodiles seraient en train de faire leur retour dans les eaux de Togbin.

Puis l’embarcation s’engage dans un petit canal qui s’enfonce sous la canopée dense – sans aller jusqu’au territoire sanctuarisé, évidemment. C’est le moment de baisser la tête. Les palétuviers rouges, les Rhizophora, et les blancs, les Avicennia, laissent pendre leurs branches et tomber leurs propagules, prêtes à se planter à leur tour pour coloniser la vase. Ces deux espèces sont les plus communes sur les rives des lacs, fleuves et lagunes qui dessinent la quasi-totalité des 125 kilomètres de la côte béninoise, juste derrière une immense plage de sable doré face à l’Atlantique. De la frontière du Nigeria à celle du Togo, tous ces paysages de zones humides forment deux grands sites d’importance internationale inscrits sur la liste de la convention de Ramsar.

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Source: www.lemonde.fr

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