Au Canada, comparution d’un ancien cuisinier qui aurait vendu plus de 1200 kits de suicide en ligne
Kenneth Law, 58 ans, est soupçonné d’avoir envoyé des centaines colis contenant des substances létales à des personnes suicidaires. Il est poursuivi pour 14 meurtres avec préméditation.
Un trafic de mort en sachet, empaqueté dans des centaines de colis expédiés à travers le monde. Le Canadien Kenneth Law, ancien cuisinier de 58 ans accusé d’avoir vendu des «kits de suicide» en ligne, comparait le 11 septembre au Palais de justice de Newmarket, au Canada. Il est poursuivi pour 14 chefs d’accusation de meurtre au premier degré et d’aide et de conseil au suicide. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Le Canadien a été interpellé en mai 2023 alors qu’il vendait depuis près de trois ans sur plusieurs sites internet du nitrite de sodium à des personnes fragiles qui souhaitaient s’ôter la vie. Ingérée en haute dose, cette substance utilisée comme additif alimentaire est un poison mortel qui «réduit le taux d’oxygène, entrave la respiration et entraîne la mort», avait expliqué la police canadienne lors de son arrestation. L’accusé envoyait ainsi par la poste 50 grammes de cette substance aux intéressés pour la modique somme de 55 euros.
«J’avais besoin de me nourrir»
Ce business mortifère débute au cours de la crise sanitaire du Covid-19. Ce chef de cuisine lambda d’un hôtel de Toronto voit son entreprise déposer le bilan sous l’effet du confinement. À l’époque, Kenneth Law croule sous le poids de dettes astronomiques, qui frôlent les 10.000 euros, avance une enquête du quotidien britannique The Times . Pour remédier à ses problèmes financiers, le Canadien décide de vendre des produits chimiques sur Internet. «J’avais besoin d’une source de revenus. J’espère que vous pouvez le comprendre. J’avais besoin de me nourrir», s’était-il justifié par la suite, tentant de balayer toute volonté de vendre des produits pouvant causer la mort.
La police canadienne estime que l’accusé a envoyé plus de 1200 colis dans une quarantaine de pays qui ont par la suite remonté la piste de tous les suicides qui, dans chacun de ces pays, pourraient être liés à Kenneth Law. Au Canada, 14 victimes âgées de 16 à 36 ans ont eu recours à ces «kits» pour mettre fin à leur jour. Au Royaume-Uni, la National Crime Agency avait déclaré en août 2023 avoir identifié deux cent trente-deux personnes ayant reçu des produits vendus par l’individu au cours des deux dernières années. Quatre-vingt-huit sont décédées.
Trentaine d’acheteurs français
De son côté, la France avait fait état d’une trentaine d’acheteurs en septembre mais «n’a pas ouvert d’enquête», considérant que «l’usage de ce type de produit ne constitue pas une infraction», avait expliqué à l’AFP une source policière ayant connaissance du dossier. Même constat en Irlande qui recense un « petit nombre » de décès mais n’a pas lancé d’enquête criminelle. En Italie, neuf acheteurs ont été identifiés et au moins l’un d’entre eux est décédé. En juillet 2024, la police néo-zélandaise a établi un lien entre quatre décès et ces «kits de suicide».
Kenneth Law compte plaider non coupable. «Il s’agit d’une procédure unique en son genre», avait avancé son avocat Matthew Gourlay à l’AFP, qui relève d’accusations «troublantes» selon lui, car son client est poursuivi «pour avoir vendu une substance létale sur le marché » qui était « encore récemment vendue sur Amazon». «Le comportement allégué ne relève pas du champ d’application de cette infraction», avait encore affirmé le spécialiste. Le procès devrait durer huit semaines.