De sa maison, il ne reste rien. Keyon, 16 ans, brandit sans ciller son smartphone sur lequel s’affiche ce qui ressemble à un tas d’allumettes brûlées. Assis au milieu d’un centre d’exposition transformé en lieu d’accueil par la Croix-Rouge, vendredi 13 septembre, à Pomona, dans l’agglomération de Los Angeles, il raconte le soudain changement d’atmosphère qui a précédé l’arrivée du feu à Wrightwood, le village de 4 400 habitants où il a grandi, au nord-est de la mégapole californienne : « Le ciel était rouge et je suis devenu presque noir de fumée, mais nous pensions que l’incendie était encore loin, quand soudain des policiers sont arrivés avec un mégaphone et nous ont demandé d’évacuer. »
Comme des milliers d’habitants de cette région montagneuse, Keyon et sa famille ont tout quitté, en quelques instants, mardi 10 septembre, lorsque le Bridge Fire, qui s’était déclenché deux jours avant, a soudain doublé de taille, porté par des vents dépassant les 80 km/h et des températures supérieures à 40 °C. Sa puissance est devenue telle que le panache de fumée était visible, mardi après-midi depuis Downtown, au cœur de Los Angeles.
En quelques jours, trois grands incendies se sont déclarés dans un rayon de moins de 100 kilomètres autour d’une ville déjà éprouvée par la canicule. Après deux étés relativement cléments, Los Angeles a vu resurgir ce risque qu’elle s’était empressée d’oublier. Sur la chaîne de radio locale LAist, des experts ont conseillé aux habitants vivant non loin des incendies de ressortir du placard leurs masques de la pandémie. Et les images d’un télésiège menacé par les flammes dans la petite station de ski de Mountain High, l’une des plus proches de Los Angeles, ont tourné en boucle sur les chaînes de télévision locales et les réseaux sociaux.
Mobilisation maximale
Le Bridge Fire, dont la cause est inconnue pour l’instant, est celui qui inquiète le plus les autorités. En moins d’une semaine, il a dévoré à lui seul plus de 210 kilomètres carrés. « Pour vous donner une idée, cela représente davantage que la ville de Long Beach », cité voisine de Los Angeles qui compte plus de 450 000 habitants, souligne Kenichi Haskett, un pompier du comté de Los Angeles chargé de la communication sur le Bridge Fire.
Depuis mercredi, la chute des températures sous les 30 °C ainsi que l’humidité nocturne ont permis aux pompiers de contenir la progression de l’incendie. Mais sur le camp servant de quartier général, installé par les pompiers à Irwindale, dans la vallée en contrebas du Bridge Fire, la mobilisation restait maximale vendredi, alors que seulement 3 % de l’incendie était considéré comme maîtrisé.
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