Ils étaient sagement excités et avaient les yeux pétillants, tout heureux d’être là, dans ce lieu « magique » devenu l’espace de quelques heures le théâtre de leurs rêves. Des élèves joyeusement arrachés à la nuit pour se réveiller à la lueur d’une journée qu’ils avaient cochée de longue date. En ce vendredi 6 septembre, 115 enfants âgées de 8 à 10 ans, venus de Jonage (à l’est de Lyon), sont réunis par le bonheur des Jeux au Stade de France. 

Pour ces élèves de CM1 et CM2, ce sont tout simplement les Jeux de Paris 2024, ouverts sur la Seine le 26 juillet, et qui seront clôturés dans l’antre des Bleus du foot dimanche 8 septembre. Et les athlètes paralympiques, tout bonnement des athlètes : « ils sont comme nous, juste avec un truc en moins, mais ils sont comme nous », dira Lylia une fois installée avec ses camarades dans les gradins bas de la porte G. « Ce sont des gens normaux, qui courent vite, sautent haut », ajoutera Naïm de son innocence éclairante.

Ces Jeux, cette folle journée, cette escapade à Paris, les écoliers de Jonage, les attendent depuis trois ans. « Il s’agit d’une grosse organisation qui a mobilisé toute la ville pendant ces trois dernières années, et rassemblé sa population autour des Jeux de Paris 2024 », précise Virginie Antoninos, adjointe au Sport et à l’éducation sport de la collectivité rhodanienne, commune d’environ 6 000 habitants située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Lyon.

Une cérémonie d’ouverture et de clôture, comme aux Jeux

Alors que les nuages évacuent le ciel dyonisien sur la pointe des pieds, Virginie et les 27 autres encadreurs accompagnateurs tentent de maîtriser la fougue de cette enfance chevaleresque. « Ils étaient excités comme des fous », glisse-t-elle sur le chemin du Stade de France. Devant le cortège plutôt long et discipliné de ses protégés, reconnaissables à mille lieues grâce à leur casquette rouge visée sur la tête, elle raconte la ferveur des « Semaines olympique et paralympique de Paris 2024 » qui ont animé les semaines des écoles de Jonage depuis 2021.

« Nous avons initié des activités dans plusieurs disciplines (athlétisme, tennis, basket… avec leurs pendants paralympiques) sur nos écoles, avec à chaque fois une cérémonie d’ouverture et de clôture, dans le but de préparer les enfants aux Jeux de Paris », détaille l’adjointe au Sport, assise à côté de l’état-major communal au cœur de ce public matinal joyeux et festif. D’après elle, pas moins de six-cents enfants de divers cycles ont été « touchés » chaque année par cette opération, qui a réuni enseignants, parents d’élèves et agents communaux.

Le projet de cette commune de l’Est lyonnais a bénéficié de l’œil attentif du comité d’organisation de Paris 2024 (selon Virginie Antoninos), qui a ainsi rendu visite à ses écoliers sans omettre d’y emmener ses fameuses mascottes ; et des champions français se sont rendus sur place afin d’échanger avec les enfants, à l’image de la basketteuse de l’équipe de France Marine Johannes et le pongiste paralympique Maxime Thomas.

Le rideau se lève, le spectacle commence

C’est dans ce climat d’euphorie que les 115 élèves de CM1-CM2 – précédés la veille de 115 autres camarades – arrivent dans la capitale des Jeux. Passés les « tracasseries » disciplinaires imposées par des accompagnateurs vaillants, passés les selfies et photos de groupe autour du Stade de France, les voilà installés dans leurs sièges. Pour eux, le rideau se lève, comme au théâtre ; le stade exhibe sa splendeur, les tribunes crachent des applaudissements, les athlètes concourent au son d’un speaker entraînant.

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Le spectacle commence par un « chuuut ! » invitant au silence, continue par un « allez ! » libérateurs et se conclue par un brouhaha assourdissant sanctionnant la fin d’une course ou d’un saut. Des Jeux, des vrais. Les enfants ont les yeux ébahis, déjà plein de lumière. Ils ne rêvent plus. Ils sont au Stade de France, aux Jeux de Paris 2024.

« Ils sont comme nous »

Habillé aux couleurs du FC Barcelone, Nahil est « super content ». « Tout me plaît ici, avoue le garçon, le stade, les athlètes, l’ambiance. J’avais hâte de venir et maintenant, je profite. » Nahil est déjà un peu rompu aux ambiances folles du sport, car il a assisté à quelques matches de l’Olympique lyonnais au Groupama Stadium. « Mais découvrir les Jeux, c’est magique », reconnaît-il, un sourire en coin.

À sa droite, Naïm jubile. Lui est bien aux couleurs lyonnaises. « Si je suis content d’être là ? Mais c’est incroyable ! », s’enthousiasme l’élève de huit ans. Il enchaîne : « Cela procure beaucoup d’émotions. »  À la question « que sont les Jeux paralympiques pour toi ? », la réponse fuse : « Ce sont les Jeux olympiques, mais pour les gens en situation de handicap ; quand je vois tous ces athlètes paralympiques, et ben ils ont le niveau des athlètes olympiques. »

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Assise un rang au-dessus, Lylia acquiesce : « Ils sont comme nous, juste avec un truc en moins, mais ils sont comme nous. » Promenant ses yeux enjoués sur la piste du Stade de France, elle pense à sa copine née avec un bras « à moitié développé », cette amie « normale » dont elle s’inspire pour trouver le mot juste.

« Super, grand, beau ! »

Lylia a tout d’une grande, même dans le rêve. Elle, qui pratique la gymnastique, sera peut-être un jour comme Mélanie de Jésus dos Santos (membre de l’équipe de France de gymnastique), voire comme « la première au monde, euh.. euh.. elle est américaine mais ne sais plus comment elle s’appelle (on va l’aider un peu, Biles ?).. Simone Biles ! »

Quant à Lola, elle « découvre comment les handicapés pratiquent leurs sports ; quand je les vois courir et sauter, je me dis que cela doit être plus difficile que les olympiques. »

À l’instar de ses camarades, Lola a hâte de raconter sa journée paralympienne à ses copains et copines, à papa et maman aussi. Elle leur dira que « c’était super, que le Stade de France est super grand, que c’était beau ! »