Frédéric Beigbeder : «Les romanciers ont un devoir de regarder ce que la société ne veut pas voir»
CHRONIQUE – Avec «Nuits», son deuxième roman, Pierre Deram prouve une fois de plus que la poésie des nuits est réservée à l’aristocratie des lettres.
Pierre Deram est courageux. Impossible de savoir s’il cherche le scandale ou la mort sociale. Raconter en 2024 les dérives nocturnes d’un jeune homme de 20 ans qui ne songe qu’à se saouler et à coucher avec des prostituées ? Ce roman est un suicide littéraire ! Heureusement que c’est de la fiction, sinon son narrateur encourrait 1500 euros d’amende à chaque chapitre du livre.
Nuits ne raconte pas seulement une cavalcade illicite, c’est surtout une provocation éculée. Les déambulations trash de noctambules sexuellement débridés ont amusé la bourgeoisie durant toutes les années 1990. A priori, on ne voit pas l’urgence d’un nouveau volume sur ce thème. Une phrase nous a cependant fait changer d’avis : « Le romantisme passe parfois par l’abjection. »
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