G20 : à Rio, les États-Unis rejettent l’idée d’une taxation des super-riches
Les ministres des finances du G20 se retrouvent, jeudi, à Rio de Janeiro, au Brésil, pour évoquer l’idée d’une taxation des super-riches. Cette mesure, qui nécessite une politique fiscale commune, fait l’objet de vifs désaccords entre les différents États membres. Les États-Unis ont rejeté cette idée.
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C’est non pour les États-Unis. Washington a rejeté, jeudi 25 juillet, au G20 la proposition du Brésil d’instaurer une taxation coordonnée sur les super-riches à l’échelle de la planète, appelant les États rassemblés à Rio de Janeiro pour une réunion des ministres des Finances à mettre en place chacun de leur côté une fiscalité « juste et progressive ».
Poussée par le chef d’État brésilien Lula, qui préside cette année le groupe rassemblant la plupart des principales économies mondiales ainsi que l’Union européenne et l’Union africaine, cette question sera sur la table à l’occasion d’une réunion dans l’après-midi.
Avant même cette réunion, la secrétaire au Trésor Janet Yellen a affirmé pendant une conférence de presse que son pays ne voyait « pas le besoin » de négocier à l’échelle internationale une taxation sur les plus grandes fortunes.
Tout en affirmant que « les États-Unis sont très favorables à une taxation progressive », la dirigeante américaine a appelé « chaque État à s’assurer que son système fiscal » soit « juste et progressif ». « La politique fiscale est très difficile à coordonner à l’échelle internationale », a-t-elle encore affirmé pour justifier sa fin de non-recevoir.
La veille, le ministre brésilien des Finances Fernando Haddad, avait pourtant fait part, sur la chaîne de télévision brésilienne Globo, de son optimisme, jugeant que « cette idée reçoit le soutien de plusieurs présidents », et estimant qu' »il est possible que sorte une déclaration » à l’occasion du G20.
Le président Luiz Inacio Lula da Silva, qui a encore affirmé mercredi que « certains individus contrôlent plus de ressources que des pays entiers », entend donner une tonalité sociale au G20 brésilien. Il a ainsi lancé une Alliance globale contre la faim et la pauvreté.
Les États-Unis et l’Allemagne, réticents
Les inégalités n’ont cessé de se creuser ces dernières années, d’après une étude de l’ONG Oxfam publiée jeudi : les 1 % les plus riches du monde ont gagné en dix ans plus de 40 000 milliards de dollars en plus, mais leur imposition est « historiquement » basse.
L’économiste français Gabriel Zucman évalue le taux d’imposition des milliardaires à 0,3 % de leur patrimoine. Dans un récent rapport commandé par le Brésil, il propose de créer un impôt de 2 % sur la fortune des quelque 3 000 milliardaires dans le monde.
Outre Washington, le ministère allemand des Finances a, en amont du G20, jugé « peu pertinente » l’idée d’un impôt minimal sur la fortune, tandis que plusieurs États, dont la France, l’Espagne et l’Afrique du Sud, soutiennent le principe.
Outre la fiscalité et la situation économique internationale, cette dernière réunion des grands argentiers du G20 avant le sommet des chefs d’État et de gouvernement les 18 et 19 novembre, également à Rio, doit évoquer vendredi le financement de la transition climatique et la dette.
Aboutir à trois textes
Alors que le G20 est entravé par les divisions entre pays occidentaux et Russie – également membre du groupe – depuis le début de la guerre en Ukraine, la rédaction d’un communiqué commun demeure un défi. Lors de leur dernière réunion en février à São Paulo, les grands argentiers du G20 n’y étaient pas parvenus.
La solution imaginée par le Brésil est d’aboutir d’ici vendredi soir à trois textes : un document spécifique sur la « coopération internationale en matière fiscale », incluant la question de la taxation des super-riches, accompagné d’un communiqué final plus large et enfin d’une « déclaration » publiée séparément par la présidence brésilienne qui elle seule évoquerait les crises géopolitiques.
Ce modèle a déjà commencé à être appliqué cette semaine. La présidence du Brésil a publié, mercredi, une « déclaration » rapportant que certains membres du G20 ont « fait part de leurs perspectives » sur les guerres en Ukraine et à Gaza durant les discussions sur l’Alliance globale contre la faim et la pauvreté.
Certains pays jugent que le G20 est une enceinte pertinente pour évoquer ces questions, quand d’autres pensent le contraire. « Il est probable, selon mon expérience des précédents G20 », que les prochaines réunions à l’échelon ministériel imposent des textes distincts, a dit, mercredi, la commissaire européenne aux partenariats internationaux, Jutta Urpilainen, à des journalistes. Viser un texte unique « ne nous permettrait pas d’adopter quoi que ce soit », selon elle.
Fondé en 1999, le G20 rassemble la plupart des grandes économies du monde. Sa vocation était dans un premier temps surtout économique mais il s’est de plus en plus saisi des sujets brûlants de l’actualité mondiale.
Avec AFP
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