«J’ai fait une fausse couche. Nous étions soulagés»: pourquoi l’enfant unique devient la norme en Turquie
RÉCIT – Dans ce pays en proie à une crise économique, le gouvernement peine à inverser l’inquiétante baisse de la natalité.
Au milieu de jouets et de crayons de couleur échappés du cartable, Aylin observe sa fille avec une tendresse fatiguée. Ela, 7 ans, est son unique enfant. À 51 ans, elle n’en aura pas d’autre, « et c’est très bien comme ça », sourit cette professeur d’anglais à l’université. « J’ai grandi en fille unique. Quand j’étais plus jeune, je pensais avoir deux enfants, raconte-t-elle. J’ai été absorbée par mes études et ma carrière, je me suis mariée assez tard, j’ai donc eu ma fille assez tard. Ma priorité a été de m’en occuper du mieux possible. »
Dans la Turquie des années 1970, les parents d’Aylin, avec leur fille unique, étaient une exception. Les couples de l’époque élevaient en moyenne quatre enfants. Mais en 2024, la famille à un seul enfant est presque une banalité. L’indice de fécondité dépasse à peine 1,5 enfant par femme en moyenne, contre 2 en 2018 et 2,4 en 2001. Ces cinq dernières années, la tendance s’accélère, en dépit des appels du gouvernement…