mercredi, janvier 22, 2025
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La parenthèse dorée des Jeux se referme mais Paris restera toujours Paris 2024


Un été de rêve

La parenthèse dorée des Jeux se referme mais Paris restera toujours Paris 2024

De notre envoyé spécial sur les Jeux olympiques et paralympiques – Après des Jeux olympiques puis paralympiques inoubliables, l’été de Paris 2024 s’est refermé après une dernière fête au stade de France. L’épilogue de 46 jours d’émotions et de fête, où la France a communié autour du sport et s’est imposée comme une référence pour les Jeux à venir.

La vasque olympique puis paralympique, une des stars des Jeux de Paris 2024.
La vasque olympique puis paralympique, une des stars des Jeux de Paris 2024. © Thibaud Moritz, AFP

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Les boucles sont bouclées. Les Jeux de Paris ont été lancés officiellement le 26 juillet par une cérémonie d’ouverture des JO sous la pluie. Ils se sont achevés par la cérémonie de clôture des paralympiques sous la même météo. Ils se sont ouverts sur une image du stade de France vide. Ils s’achèvent dans une enceinte dionysienne pleine à craquer, par une fête électro sans pareille.

Entre les deux, 46 jours où Paris et la France se sont montrés sous leur meilleur jour pour accueillir la plus belle fête planétaire du sport à la manière la plus française qui soit, avec l’art, la manière, le panache et le spectaculaire.

« Ce soir, personne n’a envie que les Jeux s’arrêtent », a concédé Tony Estanguet dans son discours de clôture. Avant de promettre : « Si ces Jeux étaient éphémères, le souvenir de cet été historique restera gravé en nous. »

Après avoir fait longtemps acclamé les athlètes paralympiques, au point d’avoir du mal à reprendre la parole, le patron de Paris 2024 a tissé un long parallèle entre les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques, entre Léon Marchand et Gabrielzinho, entre Aurélie Aubert et Joris Daudet, fidèle à sa parole : ces deux événements ne font en réalité qu’un. Une seule grande fête.

« Malheureusement, je dois déclarer la fin de ces Jeux », a enchaîné à regrets Andrew Parson, le président du Comité international paralympique, qui a également affirmé que Paris 2024 serait désormais « la nouvelle référence, dans tous les aspects ».



Après le passage rituel du drapeau à Los Angeles, la cité des Anges américaine a promis de reprendre le flambeau de l’inclusion et des rêves. Puis la flamme paralympique a été soufflée par Aurelie Aubert… Puis la vasque des Tuileries s’est éteinte, sûrement définitivement…. Paris 2024 a bien tenté de nous laisser sur une fête inoubliable tout en « French Touch », de Jean-Michel Jarre à Kungs, en passant par Kavinsky, mais le cœur n’y était plus complètement. La nuit était belle mais nous étions inconsolables.

Car là, c’est vraiment terminé. Le 11 août, alors que Tom Cruise emportait le drapeau olympique vers Los Angeles, on pouvait s’accrocher à l’idée que « le match retour », comme les organisateurs avaient appelé les Jeux paralympiques, débuterait bientôt. Pas cette fois. Même si l’été 2028 n’a jamais été aussi proche, il n’a jamais paru aussi loin…

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En cette soirée du 8 septembre, on a presque envie de revenir en arrière, à ce 26 juillet qui a véritablement lancé Paris 2024. Ce soir-là, la Ville Lumière retient son souffle avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques concoctée par Thomas Jolly et entourée de mystère. Une cérémonie à l’ambition démesurée, la première en dehors d’un stade, organisée sur la Seine au cœur de la capitale. L’inquiétude était alors à son comble, entre un sabotage à grande échelle des lignes ferroviaires, des risques d’attentat et les orages qui menaçaient.

Toutes les France représentées

La France et le monde entier n’étaient pas prêts pour ce qu’ils ont vu ce soir-là. Une fresque monumentale, hommage à l’histoire de France mais aussi à toutes les cultures françaises : d’Édith Piaf à Aya Nakamura, de Charles de Gaulle à Zinedine Zidane, de Diams à Céline Dion, du french cancan aux nuit parisiennes électro. Malgré la pluie, le génie français se déploie et la presse internationale salue « la meilleure cérémonie de tous les temps ».

C’est le début de la belle parenthèse dorée : oublier pour un temps les débats sur l’héritage des Jeux ou l’impact environnemental. Oublier le « nettoyage social » de la capitale avant les JO. Oublier la ville Lumière mise sous cloche sécuritaire à grands renforts de QR code et autres barrières. Oublier aussi l’absence de gouvernement en France… Le sport prend le dessus, avec ses émotions et ses surprises. Et en bande-son, Joe Dassin et Johnny Halliday.

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« Que je t’aime », chantent les Français pendant ces deux semaines. Ils encouragent, crient, pleurent et chavirent pour les athlètes venus concourir pour ces JO. Les stades sont finalement bien remplis, avec près de 9,5 millions de billets vendus (12 millions avec les paralympiques) battant le record de Londres et faisant oublier les tristes images des tribunes vides de Tokyo 2021, en plein Covid.

Et quelles images Paris nous a données ! La capitale s’est parée de ses plus beaux atours et a offert aux sportifs de magnifiques écrins. Les escrimeurs et escrimeuses ayant atteint les finales n’oublieront sans doute jamais leur descente des marches du Grand Palais, ni les cavaliers et cavalières le site grandiose du château de Versailles.

Avant les Jeux, on promettait le chaos dans les transports, aux entrées des stades et on anticipait des risques d’attentat… Tout s’est déroulé presque parfaitement. Comme quoi investir dans les services publics permet à ces derniers de fonctionner sans accroc.

Emportés par les performances parfois historiques de ces athlètes, les Français se sont passionnés pour leurs héros nationaux. En écho à cette ferveur, les Olympiens français ont offert une razzia historique de 64 médailles dont 16 en or, deux records absolus.

Des Jeux paralympiques aussi populaires que les JO

« Si le public comprend qu’il retrouvera les mêmes émotions, ça va donner les ingrédients des plus beaux Jeux paralympiques de l’histoire », promettait Tony Estanguet au lendemain de la clôture des JO.

La France, en pleine « JOstalgie », l’a cru sur parole, soucieuse de prolonger un peu la folie de cet été de rêve. Les billets pour les Paralympiques, qui peinaient à trouver preneur jusque-là, partent comme des petits pains. À l’arrivée, 2,5 millions de places sont vendues pour cette compétition, presque autant qu’à Londres, et l’ambiance dans les tribunes est toujours là. Le stade de cécifoot, au pied de la Tour Eiffel, aura accueilli tout au long de la compétition 11 000 spectateurs à chaque session, soit le double du précédent record d’affluence de la discipline. Devant leur écran, 45 millions de Français ont regardé les Jeux paralympiques, dont plus de 5 millions samedi soir pour le sacre historique des Bleus du cécifoot. Tout était bon pour transformer les 19 jours de fête des JO en 46 jours de joie (para)olympique.

Tony Estanguet n’avait pas menti : les ingrédients étaient bien les mêmes. Dans les bassins et dans les cœurs, Alex et Kylian Portal ont pris le relais de Léon Marchand. Sur le vélo, Valentin Madouas a laissé sa place à un autre Breton, Alexandre Leauté. En triathlon, qu’importe si le champion s’appelle Cassandre Beaugrand ou Alexis Hanquinquant. Tandis que sur les terrains de foot, Toussaint Akpweh et Frédéric Villeroux se sont offerts le luxe de corriger l’histoire après la finale de Thierry Henry et Michael Olise.


 

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Les noms changent. Les athlètes aussi. Pas les émotions. Comment ne pas adopter Zakia Khudadadi, qui concourrait pour l’équipe des réfugiés, et dont la médaille a été fêtée comme si elle était déjà française ? Comment ne pas pleurer avec Nantenin Keita, la porte-drapeau tricolore, en larmes après être passée à côté de sa finale ? Comment ne pas vibrer avec Charles Noakes emportant la foule en badminton ? Comment ne pas être bouleversé par Aurélie Aubert, célébrée en héroïne par le Club France après sa médaille historique en Boccia ?


Et les spectateurs n’étaient pas là uniquement pour les Français : le nageur brésilien Gabrielzinho a impressionné la planète en conquérant trois médailles d’or. Oksana Masters a prolongé son règne paralympique, ajoutant une 8e et une 9e médaille à son immense collection, été et hiver confondu. Marcel Hug a continué de rouler sur la concurrence, s’adjugeant sur le marathon la 12e médaille de sa carrière.

Un handicap enfin visible

Dès le début, le pari fait par Tony Estanguet et son organisation était de faire des Jeux olympiques et paralympiques un seul évènement, avec un seul logo, une seule mascotte – ces Phryges qui ont retourné les foules –, un même hymne – « Parade » – et une seule équipe de France. Paris 2024 n’aura eu de cesse de tisser des ponts entre les deux évènements : Alexis Hanquinquant, Nantenin Keita et Amélie Le Fur étaient parmi les derniers relayeurs de la flamme à la cérémonie d’ouverture des JO, tandis que Florent Manaudou était le premier des derniers porteurs de celle des Paralympiques. Un pari gagnant d’un bout à l’autre.

En matière de regard, on peut dire que pendant les 12 jours qu’ont durés les Jeux paralympiques, les spectateurs ne se sont pas passionnés pour des handicapés mais pour des champions. Ce sont les performances sportives qui étaient au centre des attentions et non les déficiences de chaque athlète. Un changement de regard, appelé de leurs vœux par les athlètes, loin de l' »héroïsation » ou du misérabilisme qui avaient cours jusque-là.

Ces champions avec « un petit truc en plus » ont eux aussi soulevé des montagnes, avec 19 médailles d’or et 75 médailles au total. Parmi eux, certains et certains ambitionnent même d’aller concourir contre les valides, à l’image de la cycliste Heidi Gaugain, 19 ans et trois médailles d’argent.

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En matière de représentation aussi, ces Jeux paralympiques ont fait du bien. On a vu des aveugles, des malvoyants, des amputés, des déficients mentaux, des paralysés occuper les stades et les plateaux télé. Des corps vieillissants aussi, les para athlètes affichant une longévité en compétition souvent plus grande que leurs homologues valides. Et Cyril Jonard – non-voyant et sourd – a rappelé qu’à 48 ans, on peut toujours faire chavirer les cœurs et esquisser des pas de danse comme un enfant.

 


Outre les athlètes, la pédagogie et le charisme de Théo Curin, ancien para nageur devenu animateur TV, de Sami El Gueddari, consultant pour le diffuseur français ou de Michael Jeremiasz, chef de mission de la délégation paralympique tricolore, ont aussi contribué à cette évolution médiatique : 165 chaînes de télévision ont suivi l’événement, un record. Dans l’hexagone, France TV a diffusé en intégralité les épreuves pour la première fois de son histoire.

Et maintenant ?

Reste désormais à savoir si ces Jeux de Paris laisseront un héritage solide en matière de prise en compte des droits des personnes en situation de handicap. Pour Michael Jeremiasz, « on ne peut plus reculer ».

Il espère que les Paralympiques « vont contribuer à banaliser le regard qu’on porte sur l’autre, que l’État et le gouvernement se sentent obligés de faire le boulot et qu’on accélère cette transformation, que tous les chantiers pour accéder à cette citoyenneté se mettent en place », évoquant notamment l’accès à l’emploi.

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Pour les acteurs du handicap interrogés par France 24, l’heure est aussi à l’optimisme. Les Jeux paralympiques auront contribué à « faire évoluer les mentalités ». Mais « il ne faudra pas laisser le soufflé retomber » après l’évènement.

Tous appellent les pouvoirs publics à se saisir pleinement de la question. Même si Emmanuel Macron, si prompt à s’afficher avec les Antoine Dupont, Teddy Riner, Leon Marchand ou les basketteurs français, s’est fait beaucoup plus discret pour les Jeux paralympiques. Et alors que la vie politique a déjà repris le dessus en France, le président français a été copieusement hué pour son apparition à la cérémonie de clôture.

Un saisissant contraste avec le discours rassembleur – à l’image de ces Jeux – de Tony Estanguet, largement acclamé : « Ce qui nous lie en tant que nation, ce sont les émotions partagées. Ce qui nous lie, ce sont les souvenirs en commun. On a redécouvert notre capacité à faire de grandes choses »

Après la parenthèse enchantée de cet été 2024, on peut imaginer que les grincheux seront vite de retour, tout comme la pluie et les métros parisiens bondés. Comme la polémique qui n’a pas pu attendre, de savoir s’il fallait laisser les anneaux olympiques sur la Tour Eiffel, selon le souhait de la maire de Paris Anne Hidalgo. La politique n’est jamais loin.

Tout le monde a envie que cet été doré se prolonge, mais doit-on conserver les anneaux sur la Tour Eiffel, les Agitos sur les Champs-Élysées, la vasque olympique aux Tuileries et tous ces symboles qui ont fait cet été ?

Conserver le symbole des inoubliables Jeux de Paris 2024 sur l’emblème controversé de l’exposition universelle de 1889, lui-même bâti sur le lieu de la fête de la Fédération de 1790 ?

N’est-ce pas aussi le message de la cérémonie d’ouverture des JO ? Paris, battu par les flots mais qui ne sombre pas, et se réinvente au fil de son histoire, mélange et amalgames de cultures et de références, à l’image d’Aya Nakamura qui chante avec la garde nationale devant l’Académie française.

Reste l’ultime question : attendrons-nous 100 ans de plus pour revivre pareil évènement ? Peut-être. En attendant, nous pourrons tous dire : « J’y étais », « Je l’ai vu », « Je l’ai vécu ». Et quoiqu’il se passe désormais, « il nous restera toujours Paris… 2024″.

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Source: www.france24.com

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