Récit de trois semaines au cœur d’un Soudan dévasté et coupé du monde
REPORTAGE – Depuis plus d’un an, un conflit fratricide entre l’armée régulière soudanaise et les paramilitaires FSR, autrefois alliés, a transformé le pays en une véritable poudrière : plus de 150.000 morts, des millions de réfugiés, une prolifération de milices et un risque d’embrasement des États voisins. Une guerre qui se joue à huis clos, doublée d’une crise humanitaire majeure.
Avant d’arriver là-bas, je me demandais même si cette guerre existait vraiment. » Au bout du téléphone : Ivor Prickett. C’est lui qui a pris ces images exceptionnelles et rares que nous publions. Envoyé par le New York Times dans l’un des pays du monde les plus fermés pour les journalistes, le Soudan, il a pu passer plusieurs semaines avec le journaliste Declan Walsh pour témoigner du conflit brutal qui oppose deux généraux : Abdel Fattah al-Burhan, le chef de l’armée régulière soudanaise, et Mohamed Hamdan Dagalo, commandant des Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire. Ils étaient auparavant alliés dans un gouvernement de transition, mis en place après la chute du régime d’Omar el-Béchir en 2019, mais des dissensions sont vite apparues sur la transmission du pouvoir à des personnalités civiles et sur la réintégration des unités paramilitaires dans l’armée nationale. Résultat : de violents combats dans la capitale, Khartoum, qui ont fait tache…