- Giacomo Meyerbeer
Le Prophète
John Osborn, Elizabeth DeShong, Mané Galoyan, Edwin Crossley-Mercer, James Platt, Guilhem Worms, Valerio Contaldo, Chœurs de l’Opéra de Lyon, Maîtrise des Bouches-du-Rhône, Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, London Symphony Orchestra, Mark Elder (direction).
Capté au Grand Théâtre de Provence, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), Le Prophète, de Giacomo Meyerbeer, présenté en version de concert, constitue sans doute l’un des temps forts de l’édition 2023 du Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence, épaulé par les troupes du Palazzetto Bru Zane. Distribution vocale de haut vol, orchestre magnifiquement dirigé par un Mark Elder équilibriste aussi sensible au détail que soucieux de la dramaturgie, le grand opéra à la française sur fond de guerre de religion retrouve un spectaculaire trop oublié. Dans le rôle-titre, John Osborn campe un Jean de Leyde (personnage historique) aussi puissant qu’inspiré en fanatique sanguinaire brutal et tyrannique, tandis qu’à son côté, la Fidès d’Elizabeth DeShong survole avec brio l’un des rôles les plus exigeants du répertoire. La Berthe solaire de Mané Galoyan s’oppose à la noirceur démoniaque d’Edwin Crossley-Mercer, au Zacharie sans pitié de James Platt, au Jonas de Valerio Contaldo, au Mathisen de Guilhem Worms, tous acolytes du terrible Prophète, chef protestant des anabaptistes de Münster, en Allemagne, en pleine période de la Réforme radicale. Marie-Aude Roux
LSO Live/Palazzetto Bru Zane.
- Anne Warthmann
En songe. Solovoice 1
Œuvres de différents compositeurs pour voix seule. Anne Warthmann (soprano).
Dix-neuf pièces (la plupart d’une durée de deux à trois minutes), une quinzaine de compositeurs (dont assez peu de noms connus), un récital entièrement a cappella… le pari d’Anne Warthmann était risqué. Il est gagné, « haut la voix ». Dépourvue de support instrumental (à l’exception de quelques accessoires tels que la kalimba, qui joue les guide-chants exotiques dans Mélismes, de Graciane Finzi), la voix n’est pas pour autant suspendue dans le vide ou condamnée à flotter dans l’espace. Elle constitue une vaste planète où prospèrent de multiples espèces musicales. A tendance incantatoire (Descendues des étoiles, d’Eric Tanguy) ou introspective (Only, de Morton Feldman). A l’aise dans tous les registres, Anne Warthmann sert aussi bien la pure poésie (le très suggestif De nuit deux chants, de Betsy Jolas) que le théâtre musical (l’Alphabet, de Jean-Christophe Rosaz). C’est toutefois avec Thierry Pécou qu’elle paraît avoir le plus d’affinités. Les monologues (En songe, Eurydice, Tess lament) virent alors merveilleusement à la folie douce et au délire créatif. Pierre Gervasoni
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