Un an après la quasi-interdiction dâAirbnb à New York, quâest-ce qui a changé?
La ville a mis en place la réglementation la plus restrictive qui soit sur les locations touristiques. Pour lâinstant, les résultats observés ne semblent pas exactement ceux attendus.
Après une période de prolifération mondiale des logements proposés à la location touristique de courte durée via des plateformes telles quâAirbnb, le retour de bâton a été violent. Dans la plupart des grandes destinations où les touristes affluent, des réglementations ont été adoptées pour limiter ce modèle qui, selon ses détracteurs, prive les autochtones dâun accès à un logement abordable. La ville de New York, une destination phare pour le site Airbnb, a été la plus en pointe sur ce dossier. Début septembre dernier, la Grosse pomme a purement et simplement interdit les locations touristiques de moins de 30 jours.
Où en est-on, un an plus tard? La ville a-t-elle récolté tous les bienfaits attendus de cette évolution? Pas si sûr, même si ce sont surtout les nombreux adversaires de cette interdiction qui sâexpriment actuellement. En lâespace dâun an, le nombre dâannonces de locations Airbnb à New York disponibles pour moins de 30 jours a fondu de 82%, passant de 22.246 à près de 4000 selon le site spécialisé dans la collecte de ces données AirDNA, cité par Business Insider. Et la cible principale de cette mesure, la société Airbnb elle-même, ne sâest pas gênée pour communiquer quâen un an, les prix hôteliers avaient bondi de 7,4% à New York pour dépasser les 300 dollars. Dans le reste du pays, la hausse moyenne nâest que de 2,1% pour une nuitée moyenne à 157,39 dollars.
Hausse des loyers
Plus grave encore, le géant de la location touristique laisse entendre quâil est toujours aussi difficile de se loger à New York avec des taux de vacance qui restent anormalement bas et des loyers qui continuent à augmenter plus vite quâailleurs. «Un an après son adoption, la réglementation sans précédent de la location à court terme à New York nâa pas tenu sa promesse de lutter contre la crise du logement», résume Airbnb dans un communiqué américain. La plateforme, par la voix de son vice-président chargé des politiques publiques Theo Yedinsky, estime que cette réglementation, «au lieu dâaméliorer lâaccessibilité du logement, a pénalisé les consommateurs ordinaires et mis en difficulté les anciens hôtes qui peinent désormais à joindre les deux bouts».
Selon des documents officiels, le taux de logements vacants à New York atteint actuellement 1,4%, le chiffre le plus bas jamais atteint depuis plus dâun demi-siècle. De leur côté, les hôtels affichent également des taux de remplissage records de 82% contre 63% pour le reste du pays. La hausse des prix et du remplissage sâexpliquerait largement par la disparition dâune partie de la concurrence Airbnb mais aussi par le fait que 20% des hôtels de la ville font office de lieu dâhébergement pour des migrants, comme le révélait récemment le New York Times. De leur côté, les loyers auraient encore progressé de 2,4% au mois de juin dernier, bien plus que la plupart des grandes villes. Le loyer médian à Manhattan aurait même atteint les 5000 dollars pour la première fois de son histoire! En attendant, bon nombre de spécialistes de la location courte durée comptent sâappuyer sur ces éléments pour faire reculer une législation quâils estiment trop restrictive et contre-productive.